Parallèlement, ces ménages qui expriment peu de besoins, montrent une capacité à s’adapter aux contraintes et à élaborer de nouvelles stratégies pour assumer leur projet de vie. La maison devient le lieu es ajustements, d’autant plus investie que son acquisition a nécessité quelques sacrifices.
Dans ces territoires où l’accompagnement public est faible, l’accompagnement à l’autoréhabilitation est une piste de réflexion prometteuse quand les réseaux des opérateurs et le marché de l’ingénierie sont moins étoffés, l’accès à des conseils en matière de performance énergétique plus difficile, et les sollicitions commerciales parfois offensives. Du côté des habitants, le souci d’entretenir et de mettre en valeur son patrimoine répond à un besoin d’appropriation de son habitat et d’ancrage au territoire.
Parallèlement, on assiste à un renouveau de l’envie de faire soi-même, source de satisfaction et de fierté personnelles. Autant de significations qui construisent une légitimité, pour l’action publique, à mobiliser le potentiel d’actions individuelles et de dynamiques collectives. Accompagnée, encadrée, partagée, ou encore soutenue, l’autoréhabilitation peut certainement s’envisager comme une possibilité de repenser, renouveler ou enrichir les projets de territoire, comme une stratégie alternative de rénovation et de valorisation du patrimoine bâti, qui fédère les énergies locales.
A la croisée des enjeux (confort, énergie, santé, qualité du bâti et patrimoine), ces démarches peinent à trouver leur place au sein de l’action publique. Et pourtant, un besoin d’innovation des politiques de l’habitat privé se fait sentir, en particulier lorsqu’il s’agit d’accompagner les ménages dans la réhabilitation de leur habitat tout en s’adaptant aux réalités du terrain. Nos réflexions sur le sujet nous amènent aujourd’hui à penser que le déploiement des démarches d’accompagnement à l’autoréhabilitation implique :
De dépasser les approches individuelles stigmatisantes de la précarité énergétique et d’élargir le panel des ménages concernés, en accompagnant le désir d’autonomie, en valorisant la capacité d’agir et l’échange de savoir-faire ;
D’embarquer l’efficacité énergétique dans le sillage de projets collectifs et locaux, en laissant toute sa place à la dimension patrimoniale ;
De s’adapter aux différents contextes géographiques, sociaux et patrimoniaux, en laissant une marge d’action aux collectivités, en partenariat avec les acteurs de terrain ;
De bâtir des stratégies gagnants-gagnants avec les acteurs privés en ne se limitant pas à affirmer que les artisans pourraient y trouver un marché mais en travaillant à le leur concrétiser, et en envisageant que leur prestations puissent évoluer vers l’encadrement de chantiers. Enfin, n’y-a-t-il pas également à envisager les enseignes de bricolage comme des alliés, aptes notamment à mobiliser les ménages ?