La campagne se meurt. Voilà ce que nous annonce Raymond Depardon dans sa trilogie de La Vie Moderne. Les métropoles qui se sont nourries du travail des paysans n’ont désormais plus besoin d’eux. Les territoires les plus isolés se vident tandis que l’urbain protéiforme gagne du terrain. Des milieux que l’homme avait entretenus depuis des siècles sont laissés à l’abandon et la ville ignorante se retrouve face à des risques qu’elle avait depuis longtemps oublié.
Les concepteurs aussi délaissent ces espaces pauvres au profit de la ville où l’on est riche et ou l’on est vu, quitte à participer aussi à l’emballement et à la saturation qui pousse nos sociétés dans ce que Bernard Maris appelle « une fuite en avant ». Si pour l’économiste cette fuite se manifeste par la surproduction, le mauvais partage des richesses et le gaspillage, elle est pour le paysagiste la cause de la banalisation et de l’effacement des identités locales et de leurs représentations. Elle est l’origine de la mort du paysage : le moment où les hommes ne se représentent plus le territoire qu’ils pratiquent.
La campagne produit toujours mais selon de nouvelles règles : celles de la productivité et du rendement immédiat au détriment de la durabilité. C’est ce modèle technocratique et dangereux, imposé aux populations, qui est dénoncé dans le film de Jean-Paul Jaud, Nos Enfants Nous Accuseront. Toute accusation est stérile sans proposition, l’action se déroule donc dans le village de Barjac ou la municipalité s’est lancée dans un projet de développement durable qui vise à promouvoir l’agriculture biologique sur la commune. L’objectif est celui d’une relance économique, écologique et sociale ; une réponse aux problématiques de déclin et de dépendance qui assaillent les espaces ruraux.
Ce Travail Personnel de Fin d’Etudes s’inscrit dans la continuité de la démarche engagée à Barjac. Robin Chouleur cherche ici à imaginer une Campagne Moderne où l’intelligence contemporaine se met au service de la durabilité des territoires.
Barjac ou la campagne moderne
Mémoire de fin d’études de Robin Chouleur, étudiant en quatrième et dernière année de l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles - antenne Marseille, encadré par Gilles Clément et Etienne Ballan.